
Vous est-il arrivé d’entendre une petite voix intérieure vous dire que c’est fichu, que vous n’allez pas y arriver ? que de toute façon ce poste n’est pas pour vous ? que vous n’êtes pas assez bien pour cette opportunité ? que la barre est trop haute et votre niveau trop bas ?
Si c’est le cas, vous n’êtes pas le seul. Nous expérimentons tous la confrontation avec un saboteur intérieur qui s’ingénie à nous mettre les bâtons dans les roues et à nous empêcher d’atteindre nos objectifs.
Que ce soit dans le sport, dans la carrière ou dans la vie sentimentale, le saboteur se manifeste alors que nous ne l’avons pas convoqué. Le plus fréquent et le plus décrit est le syndrome de l’imposteur qui fera l’objet d’un autre billet.
Évidemment, ce mauvais génie fait partie de nous et n’est dirigé par aucune force extérieure. Alors pourquoi s’acharne-t-il à nous faire faire un lapsus qui va gâcher un entretien, à nous mettre en retard pour un rendez-vous important, à nous bloquer et nous faire perdre nos moyens alors que l’enjeu est important pour nous ? En dépit des apparences, notre saboteur est animé d’une intention positive[1].
Cette sportive qui se fait régulièrement rafler la première place en compétition de tennis, finit par reconnaître qu’elle n’aime pas l’idée de gagner un match. « Prendre la première place, me dit-elle, serait faire preuve d’égoïsme, je ne veux pas infliger cela à mon adversaire.» Dans ce cas, l’intention positive du saboteur consiste à défendre des valeurs de modestie qui lui ont été inculquées.
Cet économiste, fraîchement émoulu d’une grande école, arrive plusieurs fois en « short list[2] » pour un emploi, et se fait recaler lors du dernier entretien qu’il sabote inconsciemment. Il reconnaît qu’il a peur de réussir, que la responsabilité lui semble trop lourde et qu’il n’a pas les épaules assez solides. De façon détournée, son saboteur le protège d’un échec.
En situation de coaching, nous commençons par identifier le saboteur, le nommer, découvrir son intention positive. Puis nous allons approcher le mécanisme qui le met en action qui est souvent une peur. Cela peut être celle de réussir, de s’exposer et de se ridiculiser, ou encore de ne pas être à la hauteur. Cette peur est née d’une expérience passée, elle a été utile dans un certain contexte. Notre candidat à l’emploi malheureux a eu un professeur qui l’a rabaissé, depuis il se met en retrait par peur de revivre des situations de reproches. La joueuse de tennis a peur de désobéir aux injonctions d’humilité reçues autrefois.
La prise de conscience que ces peurs n’ont plus de raisons objectives de perdurer rendra vaine l’intervention du saboteur !
Le saboteur faisant partie de nous, de notre construction à travers nos expériences, va régulièrement refaire surface dans certaines situations. J’invite mon coaché à valider son intention positive et à trouver des moyens plus constructifs pour conserver cette intention comme se respecter soi-même tout en respectant l’autre ou mettre en avant ses qualités sans arrogance. On peut aussi le désarçonner par des recadrages ou de l’humour, lui donner un surnom et le saluer quand il fait irruption, s’en faire un allié plutôt qu’un ennemi.
[1] L’un des présupposés de la PNL affirme que tout comportement a un sens et une intention positive.
[2] Désigne la dernière sélection de candidats pour un poste