
Qu’est-ce qui fait que des personnes qualifiées, engagées, parfois même brillantes ont le sentiment qu’elles ne sont pas à leur place ? qu’est-ce qui les pousse à se dénigrer ou à renoncer à leurs ambitions ?
Dans mon précédent billet[1] j’évoquais le saboteur intérieur, cette partie de nous qui tente, parfois maladroitement, de nous protéger en nous empêchant d’avancer dans nos projets. L’imposteur est précisément l’un de ces saboteurs intérieurs, peut-être celui qui a été le plus décrit par les coachs et psychologues.
Tout comme n’importe quel saboteur intérieur, il est pourvu d’une intention positive, celle de nous protéger de l’échec ou du ridicule. On a vu dans le précédent billet que ce sont surtout les peurs qui animent les saboteurs, ce qui va caractériser l’imposteur intérieur est la peur de ne pas être à sa place, d’être illégitime mais surtout d’être découvert dans cette imposture.
Cette jeune juriste me tend un CV bien rempli : titres universitaires, expériences dans des entreprises réputées, trilingue. Lorsque je la rassure sur son employabilité, elle proteste que ce CV ne la représente pas et que les entreprises qui l’ont employée se sont trompées sur son compte. Cet échange a été ma première rencontre avec le syndrome de l’imposteur.
Après m’être assurée que tous les points de son CV étaient bien authentiques, je me suis demandée ce qui conduisait cette personne brillante à avoir une si piètre opinion d’elle-même.
Les personnes qui développent ce syndrome sont souvent conscientes de leurs qualités mais trouvent qu’elles ne sont jamais suffisantes. Leur perfectionnisme les pousse à se remettre en question de manière extrême et la peur qui les anime est celle que leur moindre défaut soit repéré et critiqué. Elles se comportent comme si elles portaient un masque de perfection mais que derrière ce masque leur vrai visage est décevant, d’où la peur d’être découvertes.
L’imposteur se manifeste dans tous les domaines de leur vie, familiale, professionnelle, associative ou sportive. Il les pousse à s’épuiser en performance sans jamais s’approcher du but, tout en craignant qu’à la moindre faille leur image vole en éclats.
Comme tous les saboteurs intérieurs, l’imposteur prend son origine dans des expériences passées qui ont laissé une empreinte. Il s’agit souvent d’exigences excessives, provenant d’un parent ou d’un enseignant, que la personne va intégrer en se les infligeant à elle-même.
En situation de coaching, le questionnement et les recadrages[2] vont permettre de voir la réalité sous un autre angle, notamment en recherchant les expériences positives, les feed-back encourageants et la satisfaction ressentie dans leur parcours.
Tout en rappelant l’intention positive de l’imposteur qui consiste à la protéger de l’échec, la personne va emprunter le chemin de la réconciliation avec elle-même, de l’indulgence pour ses erreurs et de l’acceptation de ses limites.
[1] Un saboteur vit en moi, blog, coaching-formations.ch
[2] Le recadrage est une technique fréquemment utilisée en PNL pour amener à considérer une situation d’un autre point de vue et par là même de donner un autre sens à l’expérience vécue