On entend souvent le verbe « recadrer » dans le sens de réprimander, remettre à sa place, rappeler à l’ordre. C’est le sens que lui a donné l’usage courant, mais il ne recouvre pas exactement la réalité. Alors, qu’est-ce qu’un recadrage ?

 Imaginons un tableau représentant un jour de pluie. Il est entouré d’un cadre chargé de sens : je vais mouiller mes chaussures, ma voiture va se salir, la pluie me donne le cafard. Maintenant tentons l’expérience de changer le cadre de cette même scène de pluie, pour le remplacer par un cadre plus positif : je n’aurais pas à arroser mon jardin, grâce à la pluie nous avons de belles campagnes verdoyantes, les enfants adorent sauter dans les flaques. Ce changement de cadre ou recadrage nous apporte une nouvelle représentation de la réalité.

 Le recadrage consiste à changer la perspective sur une situation, à lui donne un autre sens. Ma cliente regrette encore son ex-conjoint, « c’était l’homme de ma vie » me dit-elle. Je lui suggère qu’il était certainement l’homme d’une certaine période de sa vie qui est révolue, mais dont elle a tirée des enseignements et de l’expérience. En donnant un autre sens à l’expression « l’homme de ma vie », cette femme a trouvé un apaisement et une motivation à se projeter vers un avenir dont il ne fera pas partie mais qui aura toute sa valeur.

 Un participant à l’un de mes cours évoquait une période de sa vie où il a perdu son temps. Il a erré d’un job à un autre, il a voyagé sans but, il a le sentiment d’avoir dispersé sa jeunesse. Et si cette période était justement l’occasion pour lui d’expérimenter différents choix, de vivre de nombreuses expériences pour s’autoriser à déterminer ce qu’il voulait vraiment ? Le jeune en déshérence qu’il était alors est certainement constitutif de l’homme mature qu’il est devenu aujourd’hui. Il a posé un nouveau cadre sur la même réalité en la situant dans un contexte qui n’a plus cours aujourd’hui.

 Le recadrage est en un outil qui permet des prises de conscience sans jugement. Il s’agit de considérer une situation sous différents angles pour en modifier le sens ou la contextualiser. Bien amené, il peut aussi apporter une touche d’humour comme dans la réplique de Winston Churchill à une femme qui le détestait : « si j’étais votre femme, je mettrais du cyanure dans votre café ! » « et moi si j’étais votre mari, je le boirais… »

Nota bene: pour manier les recadrages avec élégance, un stage de deux jours leur est consacré:https://graines-deveil.ch/les-recadrages-conversationnels/