
Pourquoi certains comportements nous mettent-ils en colère ? Pourquoi sommes-nous agacés par certaines personnes de notre entourage ? Pourquoi avons-nous tort de croire que quelqu’un peut nous faire perdre nos moyens ?
Nous avons tendance à attribuer aux autres la responsabilité de ce que nous ressentons. Untel m’a fait de la peine, un autre m’a fait peur, un autre encore me fait sortir de mes gonds. Pourtant, si nous réagissons à des comportements venant d’autrui, il nous revient de rester responsables de nos états internes.
Une jeune cliente venait de rater à deux reprises son permis de conduire. « L’examinateur m’a terrifiée, me confie-t-elle, j’ai perdu tous mes moyens… » En recadrant la situation, elle a peu à peu pris consciente que l’examinateur n’a « rien fait », c’est elle-même qui s’est mise en panique face à cette personne qui ne faisait que son travail. Je lui ai suggéré d’imaginer qu’elle dispose d’une télécommande qui régit ses états internes. Elle peut appuyer à sa guise sur les boutons « colère, désarroi, tristesse, peur, anxiété, etc… » Je lui demande ensuite si elle est d’accord de confier sa télécommande à l’examinateur ou si elle préfère la gérer elle-même ! Dans la même semaine elle réussit son permis de conduire et m’avoue en riant qu’elle a défié intérieurement l’examinateur en gardant bien précieusement sa télécommande !
Une candidate à l’emploi que je suivais en coaching était très agacée par le comportement d’une collègue demandeuse d’emploi elle aussi. Celle-ci était souriante, sûre d’elle, elle énonçait impeccablement ses pitchs de présentation et ne doutait pas un instant qu’elle retrouverait vite une situation. Je questionnais ma coachée sur les raisons de cette inimitié. « Cette personne ne fait que promouvoir sa candidature, en quoi cela vous gêne-t-il autant ? » Au fil de la discussion, elle découvre qu’elle aimerait beaucoup pouvoir se comporter de la même manière, avoir la même assurance et c’est le fait de ne pas y arriver qui la met en colère. Encore une fois, l’autre n’y est pour rien.
Deux possibilités d’action s’offrent à nous, sur l’autre et sur soi-même. Nous pouvons demander à l’autre de cesser le comportement qui nous contrarie, par exemple de nous parler sur un autre ton ou de cesser de nous critiquer ou nous défier. Nous pouvons aussi agir sur nous-mêmes en nous demandant pourquoi nous sommes affectés par ces comportements et ce qui n’est pas résolu en nous.
L’autre est un miroir dans lequel nous voyons nos peurs, nos limites, nos propres zones d’ombres. Ce que je n’aime pas chez l’autre, c’est souvent ce que je n’aime pas chez moi ou ce que j’aimerais avoir sans y parvenir. L’autre agit comme un détonateur, comme une étincelle qui tomberait dans un baril de poudre. Mais s’il n’y a pas de poudre, aucune explosion ne peut se produire. Si nous sommes en accord avec nous-mêmes, si nous avons fait la paix avec nos faiblesses, nos défauts, nos complexes, nos manques, les étincelles venant d’autrui s’éteindront d’elles-mêmes.
Photo de Anna Keibalo